Hasard, métal, et autres histoires
Je ne crois pas au hasard. J’entends par « hasard » un événement vide de sens, d’essence.
Alors, lorsqu’en ce 15ème jour du 1er mois de l’année du confinement, je me suis dit que ce serait une bonne chose de me re-pencher sur les points, non plus par axe mais par élément, et de commencer par le début (..!); que je me suis plongée dans le Métal du « Le Petit Monde Merveilleux des Points d’Acupuncture », et que j’y ai découvert le regard qu’Henning Ström pose sur le Shou Tai Yin et ses 11 points, quelque part, je n’ai pas été surprise.
Son regard c’est l’histoire de « la création du bas monde, le Ciel postérieur », la création de notre ici-bas, de notre maintenant, de nous, les êtres humains, d’hier, d’il était une fois et une fois il n’était plus, d’aujourd’hui.
Il y décrit la « chute de l’homme », et précise que Hsin, le Tronc céleste en analogie avec le Poumon, signifie « le crime d’offenser son supérieur, suivi de peine et de chute ».
Cette chute, éloignement progressif du Dao, est illustrée à travers 5 grandes phases:
La 1ère, au 1 Poumon, représente l’époque - état - des Zhen Ren, « les hommes véritables », ces premiers hommes authentiques à « l’état pur et naturel »;
La 2ème, au 2 Poumon, illustre celle des Zhi Ren, les hommes « de vertu supérieure »;
Au 3 Poumon, ce sont les Sheng Ren qui leurs succèdent, les hommes « d’amour supérieur »;
Du 4 au 9 Poumon, le règne des Xian Ren, les hommes « de justice supérieure », ceux qui « communiquaient toujours avec le Dao mais, contrairement aux hommes précédents, ils cherchaient moins à contempler le Dao dans son essence, ils se préoccupaient plus de connaitre le Dao dans son empreinte dans le monde, et ils observaient et mesuraient le monde extérieur pour déduire les lois de l’univers et découvrir les nombres derrière la manifestation »;
Enfin, la 5ème et dernière étape de la chute, du 10 au 11 Poumon, où l’homme est désormais « d’une politesse supérieure qui pratique wei et s’il n’y a pas de réponse il retrousse ses manches et emploie la violence », strophe 38 du Dao De Jing.
La Métal est issu de la Terre, précieux fruit de son sein et de son sang. La Terre comme une entraille, curieuse, utérus.
Nous en sortons, et notre premier cri poussé à l’extérieur d’elle, de lui, est lié au 1P. Ici, non pas automne, mais bien printemps de l’être qui jaillit, et pointe le bout de son nez (25TM « Centre de l’Homme »). Dès lors, commence son voyage dans ce « bas monde ».
En s’éloignant du 1P « Palais Central » - « Milieu des Entrailles », écrit Ström, l’homme s’éloigne du Dao. De porte en résidence, d’étang en brèche, de route en abîme, il finira « Sans Voix » (11P) au bord du précipice de son propre pouce.
S’il se tient face au sud, les bras levés, tous ces pas de côtés l’auront rapproché du Ciel. Et en se rapprochant du Ciel, l’homme s’est éloigné de son tronc, de son centre, et de la Terre.
Ce n’est qu’en faisant le chemin du retour, laborieusement, avec persévérance, qu’il pourra de nouveau être l’intercesseur entre Ciel et Terre, à sa place, dans ce « bas monde ». « La seule solution selon le Dao De Jing est de redevenir un homme de justice Xian Ren, d’amour Sheng Ren, de Vertu Zhi Ren et du Dao Zhen Ren. »
Cette chute (et la relevaille), m’ont rappelées celles évoquées par Luc Bigé, dans son « Lune Noire, un vertige d’absolu », qu’il illustre par une courbe en « U » symbolisant « l’involution » de l’Homme (sa chute, son incarnation dans la matière), et « l’évolution » de l’Homme (sa remontée depuis les abysses vers son idéal, son « seul vrai désir »), pour qu’il puisse prendre place, prendre sa place, et faire sa part, à défaut d’être parfait.
Ces deux auteurs, chacun dans leur style et par leurs métaphores, décrivent un chemin initiatique, comportant un aller et un retour.
Au 11 Poumon, nous avons chu, nous sommes sans voix, au fond du « U ».
La suite du Métal est consacrée au Shou Yang Ming, le Gros Intestin, qu’il décrit comme le Maitre des « chemins et transmissions, conduisant au changement et à la transformation ».
Et là l’histoire se poursuit.
Comme les deux faces d’une même pièce avec d’un côté le Tsang, de l’autre le Fu; d’un côté l’humidité, de l’autre la sécheresse; d’un côté le Maitre des énergies, de l’autre le Maitre des « chemins et transmissions »; d’un côté le tranchant, de l’autre le Doux, le diplomate; d’un côté en haut le premier cri, inspir, du nourrisson, et de l’autre en bas le dernier passage, la Porte du Po.
De sa première descente, où il aura enchainé les pistes verte, rouge, jaune, blanche et noire, l’homme est invité au saut de l’ange (déchu) pour passer du pouce à l’index, au son d’une note: « Shang ».
Alors, il vivra sa première remontée, sa première côte, et pas la moindre.
De fil en aiguille, le long du bras, puis des 10 autres méridiens, Dédale, dans le sens de notre horloge circadienne, de l’énergie IONG, il ne cessera de monter et de descendre, de descendre et de monter, d’étape en étape, plus ou moins longues, devant comme derrière, face au sud, dos au nord, vers l’intérieur, vers l’extérieur, de lui. Jusqu’à la Porte Terminale (14F), signe d’une première arrivée.
Retour au centre (12JM). Bilan. 360. Pause nourricière, temps suspendu, immobile, contemplatif. Tous autour de la table, on se parle, on se raconte, on se transmet, on se transforme. On rit, on mange, on boit, on digère, on dort.
Puis c’est reparti.
Ici, le chemin ne forme pas un « U », mais une lemniscate, si l’on place les éléments tels que la Terre est au sud-ouest entre Feu et Métal.
Chaque jour, notre énergie suit ce chemin, sans que nous en ayons forcément conscience.
Chaque jour, dès 3h00 solaire, nous partons en chemin.
Le Métal est aussi d’automne, le temps du bilan annuel, voire le temps du bilan de nos vies.
L’hiver, reprendre des forces, pour au printemps, bilan en tête et au Coeur, se lever, se remettre à l’ouvrage, hisser les voiles, oser (re) prendre en mains nos vies.
Et nos mains ne sont-elles pas aussi animées par le Qi et le sang distribués grâce à P-GI?
Quant à cette peur dont il est question en ces temps de médiatisation intense, Eckhart Tolle raconte qu’elle apparait, nous saisit, nous habite lorsque nous ne sommes plus dans le présent, donc lorsque nous sommes dans le passé, ou dans le futur. Selon lui, au présent, lorsque nous revenons dans l’instant, dans l’ici et le maintenant, la peur n’est pas.
Je n’ai observé ni entendu dire, que nous nous étions rués chez nos acupuncteurs pour soutenir notre Premier Ministre (Poumon). J’ai lu que nous nous étions rués faire des stocks de gestion de nos Portes du Po. Et ça me ramène à cette phrase: « Quand le sage montre la Lune, l’idiot regarde le doigt ». Et je vois la peur comme l’un des grands révélateurs de ce qui est caché dans l’ombre.
Que nous montre t’elle?
Que nous ne sommes pas dans le présent. Que nous avons oublié les fondamentaux (Maslow) que sont respirer, boire, manger, dormir, aimer et se sentir aimé, se sentir en sécurité.
Ce fameux virus se manifeste par le Métal Tsang, et touche l’un de ces besoins fondamentaux: parmi les peurs les plus archaïques et les plus répandues, il y a celle de mourir étouffé, asphyxié, sans plus pouvoir respirer.
Cet air, gratuit, libre d’accès, infini en quantité que nous respirons en permanence sans y penser, sans payer, nous en prenons conscience.
Ce temps suspendu nous montre aussi que ce qui est gratuit n’a pas de prix.
Mais ce n’est pas vers le haut, vers la symbolique du 1P que nos comportements compulsifs se sont manifestés. C’est vers le bas, vers la symbolique de sa symétrie parfaite…
Et pourtant, on peut entendre « pneuma » dans poumon, comme un souffle qui murmure ce qui se doit d’être entendu, enfin, pour que nous restions habités, que nous fassions ce qui se doit d’être fait pour que notre habitation reste habitable.
J’ai la croyance que le chemin qui est le nôtre ne cesse de se présenter, de mille et une manières - la créativité du « Grand Tout » étant sans limite - que ce soit dans nos corps (message individuel, personnel) qu’hors de nos corps (message collectif).
En face de ce Maitre des énergies, à son minuit, nous trouvons en symétrie la Vessie, donc l’élément Eau, et son trésor, le Rein.
Peut-être que si nous ne prêtons pas tous nos sens à ce qui est en arrière plan de ce temps suspendu, un autre besoin fondamental sera touché tôt ou tard. L’eau, qui nous compose à plus de 80%, dont nous avons tout autant besoin que de l’air que nous respirons.
De la même manière, le Gros Intestin est relié à l’Estomac par l’axe Yang Ming. Peut-être que si nous ne prêtons pas tous nos sens à ce qui est en arrière plan de ce temps suspendu, un autre besoin fondamental sera touché: s’alimenter pour ceux qui ne sont pas encore respiriens.
Ces trois besoins fondamentaux (respirer, boire, manger) sont satisfaits en l’Homme, pour l’Homme, grâce au Ciel et à la Terre. Si l’Homme respecte sa place et les respecte, il a la capacité, par son travail, de se nourrir, et de vivre en harmonie avec le Ciel et la Terre.
Alors si le Métal est aussi celui qui projette (jette t’il aussi le Po…?!), si le printemps est la saison du Tsue Yin, donc aussi du Vent, si nous ne sommes que des poux tombés de la tête de PAN KOU qui un jour se dressèrent sous les étoiles, donc sous des portes, alors…
Peut-être que KONG-KONG, le génie du vent, dragon gardien des portes, s’est réveillé impatient et en colère.
Peut-être que KONG-KONG ne supporte plus de voir ce nouvel ordre établi par les poux, et que dans sa course folle de ce début de printemps 2020, sa queue est de nouveau venue heurter la colonne POU TCHEOU, pour remettre la Terre au Centre, n’y tenant plus de nous voir retrouver puis reprendre le chemin de la Vertu.
Pourtant, dans sa grande générosité, il ne nous demandait pas de faire l’intégralité du chemin jusqu’à Zhen Ren. Juste que les poux se secouent, un peu, pour redevenir des Zhi Ren.
Zhi Ren, Zhi Shi, Tche Tche, un petit 52V ne nous ferait pas de mal…!
Sources:
Le Petit Monde Merveilleux des Points d’Acupuncture, Henning Ström;
« Lune Noire, un vertige d’absolu », Luc Bigé;
Cours d’acupuncture traditionnelle chinoise, Centre Imhotep.
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